Les orages annoncés le matin même nous ont forcés à revoir nos plans. Notre bivouac tombant à l'eau, nous décidons ensemble, Hélène, Estelle, Lucilien, Damien, Laurent et moi, de sortir le lendemain à la journée. Fi du peu de sommeil et du fort dénivelé, c'est à la Dent Parrachée que nous monterons !
Avec de petits yeux, la nuit encore noire et brumeuse, nous quittons le parking de Plan d'Aval, frontales allumées. Chemin faisant, on devine à droite comme à gauche mille fleurs dans les prés.
De l'herbe... Du silence... De l'eau... L'aube qui vient... Les premiers rayons sur les cimes...
Une montée régulière et efficace et déjà nous chaussons les crampons.
D'abord une pente de neige assez soutenue,
des éboulis pénibles et interminables, et c'est le col de la Dent Parrachée.
La suite : un ou deux couloirs, une série d'arêtes.
Un terrain instable mais plus on monte meilleur est le rocher.
La pointe de la Fournache dépassée, le sommet se révèle enfin, tout près.
Oui, c'est avec de petits yeux que nous sommes partis, mais maintenant c'est de grands yeux que nous ouvrons, émerveillés. On est veinards : douceur et solitude nous attendaient au sommet. On en profite, donc, on reste là une petite éternité...
Redescente consciencieuse pour ne pas se lapider les uns les autres, puis retrouvailles avec les cairns et le sentier de randonnée.
Au refuge, nos deux cordées, jusqu'ici prudentes, prennent à présent le risque de se glisser dans des transats !
Retour tranquille et bucolique en admirant la flore du Parc, maintenant sous le soleil.
Mais une question demeure qui taraude l'encadrant de cette sortie : pourquoi diable redescendre quand on est au paradis ?